Anatole Bonte - césure à la Société Générale, Inde :
SCIENCES DU NUMÉRIQUE
Je m’appelle Anatole, j’ai 22 ans. Après un bac S je suis entré en classe préparatoire associée CPE Lyon, et je suis maintenant en cursus ingénieur dans la filière Sciences du Numérique. Pour la seconde partie de mon année 4, j’ai choisi la spécialité « Réseaux et Télécommunications ». Je ne regrette pas du tout de ne pas avoir tenté une CPGE.
Je fais partie de ces élèves qui n’ont jamais été sûrs de ce qu’ils voulaient faire. Par contre, j’étais assez fixé sur ce que je ne voulais pas faire. J’en étais donc arrivé à chercher une formation scientifique généraliste sans trop de chimie.
Comme la plus grande partie des élèves de CPE Lyon, j’ai choisis de faire une année de césure. Je suis parti en septembre travailler pour la Société Générale, à Bangalore en Inde. Ils ont ici un centre IT délocalisé, où se gère entre autres une bonne partie du support réseaux de la banque. Mon travail est de fournir des programmes informatiques pour automatiser la surveillance des équipements réseaux. Par exemple, j’ai dû écrire un programme qui vérifie que l’heure de tous les équipements (routeurs, switches…) est juste et synchronisée. Si un décalage est détecté, un mail d’alerte est automatiquement envoyé avec les informations de l’erreur. Une fois en place, ces scripts permettront de repérer des anomalies assez tôt, et donc d’anticiper un dysfonctionnement du réseau. Le point un peu particulier de mes missions est que je réalise mon projet tout seul. J’ai bien sûr une équipe autour de moi pour m’aider et me renseigner sur le réseau de l’entreprise, mais l’avancement des programmes ne dépend que de moi. J’ai aussi aidé à la création d’un outil pour regrouper et garder à jour les informations du « capacity planning » de Paris (i.e. les informations sur la disponibilité de la structure réseaux).
Au départ, je ne pensais pas du tout partir dans un pays si loin et si différent. Je pensais plutôt me tourner vers les offres en Europe. Mon père m’a dit qu’il connaissait quelqu’un en Inde à qui il pouvait demander s’il recherchait un stagiaire de mon profil. Au début, j’ai été réticent à utiliser ce « piston », mais c’était une de mes uniques occasions de partir en Inde. D’autre part, ces relations font en quelque sorte aussi partie de ce réseau de contacts qu’il faut se construire et exploiter au cours de sa carrière. A part l’opportunité, je voyais de plus en plus d’avantages à faire un stage en Inde : découvrir une nouvelle culture bien sûr, développer mon ouverture d’esprit, apprendre à travailler avec des personnes qui n’ont pas les mêmes méthodes que moi, découvrir l’Asie… Et puis l’Inde est un pays émergeant dans les nouvelles technologies, avec lequel je serais sûrement amené à travailler plus tard. Le stage correspondait aussi très bien avec ce que j’avais étudié à CPE Lyon. J’ai alors rapidement accepté. Mais je dois avouer que je n’y croyais pas vraiment jusqu’au jour de mon départ.
Je travaille à la Société Générale qui est une entreprise française, donc son fonctionnement global est assez similaire avec la France. Cependant la façon de travailler des indiens reste différente. Ici l’heure d’arrivée le matin est très libre. Un certain nombre d’entre eux n’arrivent que vers midi, et ce n’est pas du tout mal vu. Ils partent juste plus tard le soir. Ils attachent aussi beaucoup d’importance à la reconnaissance dans leur travail. Les managers remettent parfois des prix pour récompenser les employés et ces récompenses apparaissent même dans leur CV. Sinon ici l’ambiance est très agréable. On n’est pas sous pression.
L’avantage des stages à l’étranger est qu’il n’y a pas que le travail qui est enrichissant, mais aussi l’ouverture d’esprit, la capacité d’adaptation, la confiance en soi…. J’ai appris à communiquer clairement. Tous les indiens ne parlent pas bien anglais et ils ont un peu du mal à comprendre l’accent français. Il faut aller à l’essentiel et tenter de deviner quand ils ne comprennent pas, parce qu’ils vous le diront rarement. On découvre aussi les habitudes culturelles. En Inde la main gauche est considérée comme impure par exemple. Mais je pense qu’un des points sur lequel ce stage m’a le plus apporté est d’avoir appris à relativiser. Et ce, autant dans le travail que dans la vie de tous les jours. J’apprends plein de choses qui bousculent les points de références que j’avais jusqu’à aujourd’hui. Et bien sûr, maintenant je comprends l’accent indien. Et ça, ce n’est pas rien !